V - MODE D'ACTION DU GRAISSEUR DE BOUDINS
Le graisseur de boudins est actionné quelque soit le tracé de la voie, à intervalles réguliers dépendant du type de la commande. A chaque impulsion de la commande, le distributeur envoie une petite quantité de lubrifiant (35 à 50 mg, soit une goutte) à chaque éjecteur. Ceux-ci pulvérisent très finement le lubrifiant et le projettent à la base du boudin.
La pulvérisation durant environ 1/4 seconde (quels que soient les réglages de la commande), et le diamètre de roue étant d'environ 900 mm, le lubrifiant est réparti sur toute la périphérie de la roue à partir de 40 km/h environ (vitesse nécessaire pour parcourir un tour de roue en moins d'un quart de seconde). La largeur de la zone graissée est d'environ 10 mm.
Avec une seule éjection sur une roue sèche, l'effet sur le boudin n'est pas observable visuellement, et il est à peine sensible au toucher. Il faut au moins une dizaine d'éjections pour que la lubrification soit visible, soit l'équivalent d'un parcours d'une dizaine de kilomètres dans les conditions habituelles.
Le graissage ne peut donc fonctionner que par l'accumulation de lubrifiant sur les boudins pendant la circulation en alignement ou contrecourbe. A l'arrivée dans une courbe, le boudin des roues coté extérieur touche le rail et le graisse. La quantité de lubrifiant disponible sur le boudin en début de courbe (limitée par la centrifugation) est trop faible pour lubrifier une courbe dont les rails sont secs. Dans ce cas, le lubrifiant est épuisé en quelques dizaines de mètres.
Le réapprovisionnement du boudin durant le parcours de la courbe est très faible. L'ensemble du système de graissage ne peut donc fonctionner qu'en "régime établi", c'est à dire lorsque chaque train apporte autant de lubrifiant qu'il en enlève. On a donc tout intérêt à établir un graissage initial d'une ligne « sèche » par un autre moyen avant le début de l'exploitation (voir plus bas).
Conditions d'emploi efficace du graisseur de boudins
- Le graisseur de boudins permet à lui seul de graisser une ligne à condition que:
- Au moins 80% des engins soient graisseurs (soit 100% équipés et moins de 20% en panne)
- On utilise le lubrifiant spécial
Comparaison avec le graisseur de rails
- La quantité d'huile nécessaire est d'environ 1/8 de celle employée avec le graisseur de rails.
- Les investissements plus élevés de la solution "graisseurs de boudins" (80% des engins à équiper au lieu de 25% avec le graisseur de rails) peuvent être amortis par les gains sur le lubrifiant et sur le coût de l'entretien.
- Le graisseur de boudins est utilisable jusqu'à 300 km/h alors que le graisseur de rails ne fonctionne pas correctement au dessus de 100 km/h.
Sur le plan écologique, le graisseur de boudin est peu agressif : outre la réduction des quantités répandues, son lubrifiant, très visqueux, reste dans le ballast et n'atteint pas la nappe phréatique.
Cas où le graisseur de rail est à utiliser de préférence
Le graisseur de rails a l'avantage de projeter une grande quantité de lubrifiant en un seul passage, Il garde donc un créneau d'utilisation dans les cas où on n'est pas dans les conditions d'emploi efficace du graisseur de boudins.
C'est le seul système qui permet de rétablir immédiatement une lubrification de la ligne. On le trouvera donc obligatoirement sur les draisines graisseuses. Rappelons que le rôle des draisines graisseuses n'est pas d'intervenir en tant que mode de graissage « normal » d'une ligne, mais d'établir une lubrification initiale d'une ligne « sèche », soit parce que les rails sont neufs, soit parce qu'il y a eu une défaillance du graissage. Les engins équipés de GRB pourront ensuite entretenir ce graissage par eux-mêmes.
Les graisseurs de rails pourront être utilisés dans des cas particuliers, s'il n'y a pas sur une ligne d'engins à graisseurs de boudins ou trop peu. Un nombre réduit d'engins équipés de GRR pourra alors assurer le graissage. Cela a été le cas sur les lignes du Massif Central lors de l'équipement en GRR de quelques remorques d'autorails.